• La Police du bonheur

    La Police du bonheur

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    LA POLICE DU BONHEUR

     

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    La police du bonheur sera créée un jour.

    Bientôt.

    Parce que c’est inéluctable. Parce que c’est inévitable.

     

    Elle sera institutionnalisée parce que c’est le sens de l’Histoire. Elle constituera l’une des étapes nécessaires de l’évolution de la civilisation. Car, comme chacun sait, toute civilisation qui ne progresse pas est condamnée et finit par se scléroser.

    Le passé grouille d’exemples illustres accréditant ces propos.

     

    Un jour, donc, les dirigeants de nos démocraties occidentales réaliseront qu’il leur est impossible de continuer à faire prospérer et à enrichir leurs nations sans raison.

    Ils ne pourront continuer à prétendre que le seul but de l’existence est de gagner beaucoup d’argent, de se porter acquéreur de nombreuses marchandises et de consommer frénétiquement jusqu’à ce que mort s’en suive.

    Alors, ils inventeront la police du bonheur.

     

    La police normale, classique, conventionnelle, canonique, orthodoxe, dont les exploits sont constamment célébrés dans nos films et nos séries télévisées, poursuivra sa tâche et gardera la confiance des autorités.

    A nos yeux, ses représentants seront toujours des héros, les garants de notre bien-être.

    L’invention de la police du bonheur ne pourra porter atteinte à ce statut et nuire à cette position privilégiée.

     

    D’aucuns prétendront pourtant que, par ricochet, par opposition, l’ancienne police peut être qualifiée de police du malheur.

    Oui, de police du malheur !...

    Ils se fourvoieront.

     

    Il n’y aura pas de police du malheur à côté de la police du bonheur.

    En fait, très logiquement, la police du bonheur sera complémentaire.

     

    Elle permettra à la société française de tendre vers une unicité, une harmonie, un équilibre social et national qu’elle n’a jamais connu.

    Cette police du bonheur sera une sorte de Yin pour le Yang de la police normale. Les mêmes Yin et Yang de la philosophie chinoise qui forment une dualité idéale.

     

    Maintenant, répondons à la question que vous vous posez tous, en lisant ces lignes.

    Quelle sera la mission de la police du bonheur ?

     

    Comme vous l’avez compris, son rôle sera de compléter la police normale.

    Car dans une société humaine qui veut progresser, évoluer, la police ne peut que faire de même.

    Elle ne peut quand même pas continuer, pendant des siècles, à courir après les malfrats et les criminels ?

     

    Allons donc… Pourquoi en serait-il ainsi ?

    Il y aurait là quelque chose d’inconvenant, d’inepte.

    Nous serions en face d’une dialectique inaboutie, absolument défaillante.

    La police que nous aurions mise au point serait un mécanisme fou, qui se serait emballé et qui, par la force des choses, s’autogérerait.

     

    En résumé : la police court après les malfrats et les criminels, elle les arrête, elle les confie aux juges et aux tribunaux qui les punissent et qui les mettent en prison.

    Puis elle retourne à la case départ. Elle fait redémarrer le mécanisme.

    Elle court à nouveau après les malfrats et les criminels, elle les arrête, elle les confie aux juges et aux tribunaux qui les punissent et qui les mettent en prison.

    Et ainsi de suite.

    Ad aeternam.

     

    Non, quelque chose ne va pas…

    La police ne peut consacrer tout son temps et toute son énergie à cette poursuite éternelle, sans fin.

    A cette mission caduque.

    A cette lutte permanente mais sans victoire finale.

    Dans ce cas, la police subirait un châtiment, tout comme les bandits qu’elle arrête. On pourrait dire qu’elle est condamnée à une punition olympienne, digne de l’Olympe, qu’elle doit remplir sans cesse le tonneau troué des Danaïdes, comme ces jeunes filles de la mythologie grecque.

    Une punition olympienne.

     

    Voilà pourquoi la police du bonheur vient aider la police classique.

    La police du bonheur traque et cherche à mettre la main sur certains citoyens.

    Mais ce n’est pas pour les menotter, les punir et les emprisonner.

    C’est pour les glorifier.

     

    La police du bonheur traque ceux qui permettent à leurs semblables d’être heureux.

    Et l’un de ses enquêteurs les plus connus et les plus efficaces est Raoul Dendraisie.

     

    C’est son histoire que nous allons vous raconter.

    (précision pour les érudits qui s’étonneront que le plus célèbre enquêteur de la police du bonheur porte un nom presque semblable à l’un des surnoms d’Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur : ce policier d’un nouveau genre ne pouvait porter que le nom d’un aventurier idéaliste et libertaire)

     

    ……………..

     

     

    Livre 28 sur 74

    de la Bibliothèque secrète

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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