Je m’étais bien fait piquer par un livre. Je m’étais bien fait piquer par un chapitre sept.

Et cette morsure était peut-être plus dangereuse que celle d’un serpent à sonnette.

Car  un serpent à sonnette vous condamnait souvent à mort et un chapitre sept vous condamnait à la folie.

A une folie longue, profonde et incurable.

Même si je n’avais pu localiser les crochets sur le roman, il ne faisait aucun doute que la dose de venin qui m’avait été injectée avait été foudroyante.

Largement suffisante pour provoquer des hallucinations d’une efficacité impressionnante et pour me faire croire qu’un contrôleur de bus et qu’une vendeuse de boulangerie me faisaient des confidences à l’oreille.

Depuis mon enfance, on n’avait de cesse de me rappeler qu’en Provence il n’y avait pas de serpents venimeux, comme les serpents à sonnette, mais qu’il y avait des scorpions et que ceux-ci entraient même dans les chambres.

C’était vrai. Il n’y avait pas de serpents à sonnette en Provence. Mais il fallait se rendre à l’évidence, il y avait des chapitres sept.

Et les chapitres sept aussi entraient dans les chambres, comme les scorpions.

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(extrait du roman Chapitre Sept)